Saturday, December 24, 2011

Sur un air de flamboyant

Ci-dessus : ce portail du XIXe siècle se trouvait à Port Louis ;
après la démolition de la maison coloniale qu’il gardait, il fut remonté dans le nord de l’île.


A Maurice, le flamboyant est l’arbre de noël. En créole mauricien, la fleur du flamboyant (delonix regia) est appelée « bouquet-banané », le bouquet de la bonne année.


Jusqu’à l’indépendance en 1968, les routes étaient ombragées d’arbres plantés par le gouvernement colonial. Dans le sud et les régions pluvieuses du nord, le terminalia avait la vedette, dans les hauts plateaux, c’était les camphriers, et dans les plaines, les flamboyants.


Depuis, les routes ne sont plus jamais plantées d’arbres. Pire, on les coupe à un rythme croissant :

-        En 2011, à Riche en Eau, des terminalias centenaires ont été abattus par dizaines

-        2011 toujours, des samanea saman du nord de l’île ont aussi été coupés par dizaines.

-        mars 2011, à Mont Choisy, un homme d’affaire mauricien fortuné fait couper sans être inquiété une cinquantaine de flamboyants centenaires.

-        Un peu plus loin, la longue route parallèle à la plage a perdu plusieurs flamboyants, car l’état a fait trancher leurs racines pour installer une barrière.

-        A Triolet, près du temple, un flamboyant au tronc aussi gros qu’un baoab a été coupé en tranches.

-        En décembre 2011, à Trou aux Biches, juste en face du poste de police, une cinquantaine de cocotiers de Ceylan centenaires ont été abattus par le riche propriétaire du terrain, afin d’y construire des blocs d’appartements destinés a des acheteurs étrangers.

Les arbres mauriciens sont en sursis...


Le long des routes, on cloue des panneaux publicitaires dans le tronc des arbres, les maladies qui en découlent les tuent, quand ils ne sont pas abattus avant.

Lorsqu’il aménage son terrain, le Mauricien commence par couper les arbres « publics » des bords de route, en toute impunité. C’est la loi de la jungle, mais d’une jungle de béton : « chacun fait fait fait, c’qui lui plait plait plait ».

C’est qu’à Maurice, un bout de terre c’est d’abord un bien à « rentabiliser », ce qui signifie en langage local la construction d’un bâtiment en béton le plus gros possible, preuve de la « réussite » du propriétaire, avec une « cour» en ciment qui lui sert d’écrin.


La plupart des Mauriciens ne respectent pas leur île. Ils ne comprennent pas les touristes qui vantent ses beautés naturelles ou historiques : c’est pour eux une langue étrangère.

Il est navrant que le gouvernement mauricien, engagé dans la construction de plusieurs axes routiers nouveaux, aux quatre coins de l’ile, n’ait comme toujours pas prévu de plantation d’arbres pour les agrémenter.

A la Réunion toute proche, la construction de la toute nouvelle « Route des Tamarins » s’est accompagnée de la plantation de 675 000 jeunes plants, 100 000 plants arbustifs et 3 700 bosquets de tamarins... Quel contraste.
Le gouvernement mauricien dit vouloir copier Singapour, mais il ne lui prend que son béton, pas sa nature magnifique. Vision parcellaire d’un Maurice de plus en plus gris.


Il manque deux choses essentielles à Maurice : une volonté politique et une prise de conscience de la population.

Grosse colère après l’abattage de flamboyants centenaires à Mon-Choisy












Ci-dessus: abattage d'une cinquantaine de flamboyants à Mont Choisy en mars 2011 (source: l'Express)
http://www.lexpress.mu/story/21919-grosse-colere-apres-l-abattage-de-flamboyants-centenaires-a-mon-choisy.html

Route des Tamarins, la Réunion:

East Coast Parkway, Singapour, bordé de samanea saman: 

East Coast Parkway Expressway (ECP) Exit 8B

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