Wednesday, December 28, 2011

Mon Repos, Phoenix

Cette maison coloniale du XIXe, siecle située à Phoenix, fut démolie dans les années 1960.

Au rez-de Chaussée se trouvait un vestibule, le salon, la salle à manger, l’office et un « appartement ». A l’étage  se trouvaient les chambres à coucher et un grand bureau. A l'arrière se trouvait un verger de goyaviers. 


La maison dans les années 1920

Comme souvent dans les maisons à étage, le rez-de-chaussée etait en pierre, l'étage et les combles en bois. Les décorations en bois ouvragées de la varangue sont typiques du XIXème siècle mauricien. Chaque modèle etait unique. Si toutes les maisons mauriciennes avaient un air de famille, elles étaient toutes différentes: les portes-fenetres, les ballustrades, les décorations, le perron, l'aspect général étaient toujours uniques. Le grand toit à quatre pans est lui typique du XVIIIème siècle. A partir des annees 1850, les nouvelles constructions mauriciennes etaient souvent couvertes de plusieurs toits a pignon. 


Ci-dessus: lettre du dernier propriétaire, datant des années 20

L'architecture coloniale mauricienne avait un style bien particulier, différent des autres îles à sucre: elle n'avait que peu à voir avec celle des Antilles, souvent plus rustique, des Seychelles, plus rudimentaire, ou celle de la Réunion toute proche, plus géométrique. Seules les fonctions d'atténuation du climat tropical les réunissaient (auvents, combles, persiennes).

Ce qui caractérisait cette architecture mauricienne, c'était avant tout son incroyable diversité, mais toujours dans la cohérence d’un style commun. Chaque maison avait une personnalité unique qui la distinguait entre mille. La maison était un membre de la famille à qui on l’identifiait. Cela d’autant plus facilement que la façade ressemblait souvent à un visage humain, avec deux chiens assis qui vous regardaient droit dans les yeux, et un perron a degré qui vous souriait.

  

Ci-dessus: Mon Repos dans les années 1950

La frénésie imaginative de l’architecture mauricienne s'exprime surtout avec l'émigration de "la bonne société" d'alors vers les hauts plateaux dans les années 1856-7, suite à une épidémie de paludisme. Les bâtisseurs laissent alors libre court à leur imagination : varangues à colonnes ou vitrées; au sol de pierre, marbre ou terre cuite importée de France; balustrades en fonte ou en bois; tourelles pointues ou octogonales; flèches de toit toutes différentes.

Seuls points communs: les proportions, les matériaux et les couleurs. La maison est quasi systématiquement construite en bois sur un sous-bassement en pierre de taille, qui contribue à l’aération de la maison ; le perron en pierre taillé au cordeau est un élément majeur du prestige de la maison.

 

La famille sur le perron principal dans les années 1920.

Les murs en bois sont peints de couleur claire, les contrevents le plus souvent d’un gris bleuté pâle, et le toit de bardeaux le plus souvent noir (à cause de l’ajout de bitume pour une meilleure résistance aux insectes et à la pluie, sa durée de vie était alors de cent ans : cinquante ans sur une face de bardeaux, puis encore cinquante ans en les retournant ; les constructeurs modernes l’ont oublié qui se contentent de vernir les toitures, et s’étonnent de devoir les remplacer après quelques années.)


Il ne reste rien de Mon Repos: ni de la maison, ni du jardin.

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