Friday, December 16, 2011

Burran House, un domaine colonial en danger

A Maurice les grandes maisons de bois des villes des hauts plateaux, avec leurs grands jardins agrémentés de pelouses et vergers derrière des haies en bambous, s’appelaient des « campagnes ». Il y en avait des centaines. On disait par exemple « connais-tu la campagne de la famille X ? » ou bien « je suis passé devant la campagne des Y ».

Ironiquement, toutes ces « campagnes» se trouvaient dans ce que les mauriciens appellent « les villes des hauts ». Il y en a 7, qui se touchent toutes : Beau Bassin, Rose Hill, Moka, Quatre Bornes, Phoenix, Vacoas et Curepipe.

Les villes des hauts étaient une juxtaposition de campagnes.

Puis les villes jardins se sont transformées en stériles amas de béton. La vie des « campagnes » dura 100 ans, des années 1860 aux années 1960.

La destruction par centaines des campagnes a profondément modifié la physionomie de l’île et la vie des ses habitants.

En 2011, l’île Maurice compte moins d’une dizaine de campagnes.

 

Cette grande maison coloniale, typiquement mauricienne, a une longue histoire. Emblématique des maisons mauriciennes du XIXe siècle, elle est construite entièrement en bois sur un sous bassement en pierres de taille. Sa varangue est carrelée d’un damier de marbre blanc et noir tandis que les pièces intérieures sont toutes en planchers de bois précieux. La superficie bâtie est de 450m2.

Un jour, la maison devint hôtel. Sous le grand comble en bardeaux de bois, les propriétaires anglais de l’époque coloniale recevaient les fonctionnaires britanniques fraîchement débarqués dans l’île, alors Colony of Mauritius. Des bâtiments annexes, agrémentés de varangues, furent reliés a la maison principale afin d’accueillir plus de résidents.

Puis un Mauricien acquit la propriété, et l’hôtel redevint maison.

Années 2010. Avec la mort de ce dernier propriétaire, la maison est mise en vente. Cernée par les autoroutes, coincée entre les hypermarchés, centres commerciaux et usines qui ont supplanté les champs de canne, le terrain de près de deux hectares ne manquera pas d’attirer l’attention des « développeurs ».

Il faut sauver Burran House.






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