Thursday, February 2, 2012

Le “remplissage”, une bombe écologique pour Maurice


En plus d’être immorale et illégale, la pratique du « remplissage » dans les espaces naturels de Maurice est aujourd’hui courante.

A Maurice, on désigne par « remplissage » le fait d’utiliser tout et n’importe quoi pour combler un terrain : gravats, bouts de béton, déchets en tous genre.


Les mares qui se situent à l’arrière des plages sont un espace de choix pour ceux qui pratiquent le « remplissage » : à Peyrébère, les camions qui déblaient les chantiers de construction du nord de l’île déversent quotidiennement des tonnes de déchets polluants dans les anciens marais. Car une fois comblées, ils deviennent des terrains constructibles à forte valeur ajoutée.

Problème : les mares, marécages et marais de l’île, situés a l’arrière des plus belles plages (Grand Baie, Flic-en-Flac, Roches Noires, Anse-La-Raie, Pointe d’Esny etc) sont les poumons de l’océan. C’est grâce à la respiration de ces mares que nous avons les belles plages que nous connaissons. Que se passera-t-il lorsqu’elles seront toutes bouchées par des milliers de tonnes de déchets polluants ? Dans les années 1970, on faisait encore de la planche à voile dans les marécages de Peyrébère. Aujourd’hui, on ne peut plus faire que du « béton… statique ». Même chose à Flic-en-Flac, même chose à Grand Baie où pullulent les lotissements à l’emplacement des anciennes mares.

Et les Mauriciens ne comprennent pas ce qui provoque l’érosion importante dont pâtissent les plages de Maurice.

Observez les plus belles plages du monde. Elles portent souvent un nom associé au sel. A St Barthélemy, à la Martinique par exemple, la plus belle plage s’appelle Les Salines : cela parce que des marais se trouve a l’arrière de la plage : pas de marais, pas de belle plage.

St Barthelemy (Antilles)

Plage des Salines (Martinique, Antilles)

A Arsenal, au Nord de Maurice, plusieurs propriétaires ont décidé de combler des terrains qui jouxtent la Rivière du Tombeau. Depuis plusieurs mois, un ballet incessant de camions fait le va et vient entre des chantiers de démolition/construction et les berges de la rivière. Elles sont comblées en toute illégalité. Ces terrains étaient en pente et inconstructibles, ils deviennent de vastes déserts stériles, sales et pollués, mais constructibles.






Que se passera-t-il en cas d’inondation ? Lors des cyclones, la Rivière du Tombeau sort de son lit pour se transformer en large torrent qui emporte tout sur son passage. Sans les larges berges qui la bordaient, où ira ce trop plein d’eau en furie ? Quelles maisons la rivière ira-t-elle noyer ? Et si le « remplissage » du propriétaire hors la loi est emporté par les flots, que se passera-t-il lorsque la rivière sera bouchée par des milliers de tonnes de ciment se dirigeant tout droit vers les plages de Balaclava, déjà malmenées par les hôtels qui y ont fait détruire la barrière de corail et extraire les rochers de basalte du lagon ?





Observons au passage la pollution ordinaire de la rivière, au nom de plus en plus adéquat:





Le même phénomène se répète, toujours au Nord de l’île, à la sortie du village du Vale, près d’Union Daruty. Plusieurs propriétaires comblent les terrains situés en contrebas de la route afin de construire, sur le piédestal en ciment ainsi constitué, de vastes bâtiments en béton. Ils ont rattrapé le décalage par rapport au niveau de la route au moyen d’une pollution majeure des sols.

Maurice : une île dont le peuple, trop souvent sans scrupule par rapport au beau patrimoine dont il était dépositaire, lui a fait perdre son titre de Perle de l’Océan Indien. Car une perle en ciment, cela n’existe pas.

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