Rue de l'Eglise, Port Louis, Ile Maurice, 2006
Port Louis, c’était LA ville coloniale par excellence. Des enfilades de balcons en fer forgé dans les rue commerçantes, des bâtiments en gros moellons de pierre de taille du XVIIIe siècle près de la rade, des rue bourgeoises dont les grosses maisons en bois blanc et toit de bardeaux noirs se cachaient pudiquement de la rue à l’ombre de manguiers géants.
Port Louis, ce n’est plus, dans un océan de béton de cinq, dix ou quinze étages, que quelques rues plus ou moins intactes. Plus ou moins… Elles sont peut être quatre ou cinq, ces rues qui retiennent un tout petit peu du charme passé de la capitale. La rue de l’Eglise est de celles-la. Mais pour combien de temps ?
Dans les années 1980, une architecte mauricienne fit un relevé scientifique du patrimoine bâti à Port Louis. Elle dénombra plus de mille bâtiments d’intérêt architectural et historique. Il y a dix ans, ils n’étaient plus que 450. Et aujourd’hui ?
Depuis l’an 2000, le rythme des destructions s’est tellement accéléré que les rares bâtiments anciens de la ville sont danger immédiat de démolition. Il faut dire que
- d’une part, la municipalité a sorti un arrêté insensé ordonnant la démolition des bâtiments coloniaux en bois
- d’autre part la mentalité des mauriciens a suivi le mouvement : plus personne n’aime ni ne veut de maison ancienne.
Un pays, ce sont ses habitants qui le font. Depuis plusieurs dizaines d’années maintenant, les Mauriciens ont chaussé des lunettes qui leur brouillent la vue : ils ne savent plus voir la beauté. C’est là la principale raison du triste sort des maisons coloniale de l’île Maurice. Elles auront totalement disparu d’ici 2020.
On estime à plus de 20 000 le nombre d’édifices coloniaux démolis à Maurice depuis les années 1960, soit la quasi-totalité des bâtiments existants sur l’île avant l’indépendance en 1968.
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Photos ci-dessus : la Cathédrale Saint Louis, point de départ de la Rue de l’Eglise.
La section basse (commerçante), qui s’appelle aujourd’hui la rue Sir William Newton, a été presque entièrement détruite; sur la centaine de bâtiments à étage en pierre ou bois pourvus de balcons en fer forgé qui la bordaient, 5 seulement sont encore debout, quoique mal entretenus.
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Exemples de maisons coloniales rue de l'Eglise
comparison aspect en 2006 et 2012 :
plusieurs bâtiments coloniaux centenaires ont déjà été démolis.
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EXEMPLE 1: MENACE
Exemple 1: bâtiment menacé, 2006
Exemple 2: bâtiment détruit,
ancienne résidence d'une riche famille originaire d'Inde.
Comparez l'état du trottoir en pierre de taille avant et après la démolition (photos 1 et 4)
Comparez l'état du trottoir en pierre de taille avant et après la démolition (photos 1 et 4)
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EXEMPLE 3: MENACE
Exemple 3: bâtiment menacé
Ci-dessus, l’exemple type de la grande maison coloniale port-louisienne :
- inspiration néo-classique,
- grosses colonnes toscanes,
- grilles en fonte et piliers de pierre,
- bâtiment en bois, sous bassement en pierre de taille,
- murs blancs, toits noirs, volets bleu-gris
- allée pavée de pierre,
- l’ombre d’un vieux manguier,
- symétrie et sobriété
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EXEMPLE 4: DEMOLI
Exemple 4: acienne maison coloniale, 2006 / 2012
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EXEMPLE 5: MENACE
Ci-dessus: cette maison coloniale à étage date de la seconde moitié du XIXe siècle. Entièrement construite en bois sur un sous-bassement en pierre de taille, les codes de son ornementation, très différents par exemple de ceux de la Réunion toute proche, en font une maison typiquement mauricienne.
La maison est restée dans la même famille depuis sa construction, voila près de 150 ans. Le propriétaire actuel en a hérité de sa tante, morte sans enfant. La maison abrite aujourd’hui les locaux de son entreprise pharmaceutique.
Et après ? Que fera la nouvelle génération ? Et la municipalité, qu’inventera-t-elle pour pousser à la destruction du bâtiment ?
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Retour en 2012. Le génie des artisans mauriciens s’est perdu.
Aujourd’hui on construit à tour de bras, n’importe où, n’importe comment.
Et on détruit le beau lègue des Mauriciens d'hier.
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