Wednesday, April 24, 2013

Une nouvelle ville à Rivière Noire (Encore une)




A l'entrée de Rivière Noire, coincée entre un enclos résidentiel pour non-mauriciens (Tamarina, 2,060,000m2 - deux millions soixante mille mètres carres) et le centre commercial de Tamarin, une nouvelle ville de 490,000 m2 (quatre cent quatre vingt dix mille mètres carres) sera construite.

D'après les premières plaquettes promotionnelles, il s'agira de bâtiments de 2 à 3 niveaux en béton le long de routes goudronnées, longées de trottoir en ciment, éclairées de grands lampadaires en aluminium.

Encore un espace naturel très arboré qui disparait dans l'ouest, en l'occurrence dans le triangle entre la mer, la rivière et la route principale de Rivière Noire.

Encore un.

Mais il y en aura d'autres.

A Maurice, on en a jamais fini avec le "développement".

...2050: Maurice nest plus Maurice, alors tant qu'à faire, on la débaptise; désormais elle s'appelle... l'ile Etranger'argent.

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Et, toujours d'actualité, on va construire et développer dans les parages de cette ville nouvelle des dizaines d'hôtels, lotissements et IRS détenteurs de tous les permis nécessaires qui se concrétisent les uns après les autres. Voir les articles:



Thursday, April 18, 2013

Les théâtres mauriciens doivent disparaitre

Théâtre de Port Louis - 1822

Il n'y a pas d'argent pour restaurer les deux théâtres de l'ile?

Les théâtres mauriciens sont abandonnés depuis des années. Maurice est une ile tropicale. Ces bâtiments sont vieux. Ils contiennent beaucoup de bois. Les abandonner à leur sort, c'est choisir leur mort.  

Pourtant de l'argent, il y en a.

En ce moment même, l'état mauricien n'arrive toujours pas à se débarrasser du pseudo "village artisanal" de Belle Mare. Construit ex-nihilo dans un champ de cannes, en face de l'un des plus beaux sites culturels de l'ile, la sucrerie de Belle Mare, il a fait un flop. Alors l'état essaie de vendre: personne n'est veut. Il aura coûté... 185 millions de roupies. Disparition d'un énième champ de canne, pour rien. Perte sèche pour Maurice.

A part ça, il n'y a pas d'argent. 

Pourtant, bien entretenus et ouverts au publics, les théâtres de Maurice attireraient des visiteurs, donc des entrées payantes pouvant assurer leur entretien, tant leur valeur culturelle est importante, n'ayons pas peur des mots, à l'échelle mondiale:



LE THEATRE DE PORT-LOUIS

AVANT

... Est le plus vieux de l'hémisphère sud. Construit entièrement en pierre de taille, d'excellente qualité architecturale, il date de 1822. C'est un théâtre à l'italienne aux nombreux décors de bois peint, dont les escaliers, colonnes et planchers en bois précieux existent depuis 191 ans. C'est sur ses planches que débutèrent des artistes renommés (tel le Français Claude Pieplu, en 1946). De La Traviata aux pièces de boulevard, les spectacles étaient de qualité, et les Mauriciens s'y pressaient durant la saison d'hiver jusque dans les années 60. 
APRES

Et puis... En 1994, la France paya une première "rénovation". Résultat, de gros dégâts. En plus d'avoir mis à nu la pierre chaulée de blanc à la manière coloniale depuis près de 2 siècles, on se débarrassa de tous les sièges originaux (fer forgé et teck), remplacés par des fauteuils modernes genre cinema en velours rouge, aujourd'hui entièrement pourris. Bien sur, on détruisit l'acoustique en bétonnant et reculant la scène.




LE THEATRE DU PLAZA

AVANT

... Est le plus beau théâtre art-deco du monde. Il fut inauguré en 1933 par une séance de... cinéma, devant une foule en smoking et étoles en vison. Construit principalement en bois sur des soubassements en pierre de taille, le théâtre compte 1500 places. Jacques Brel, Charles Trennet, Juliette Greco; les pièces de Marivaux, Anouilh ou Molière, les choeurs de l'Opéra de Lyon et des artistes lyriques italiens s'y sont succédés pendant des décennies.

APRES

Dans les années 90, on le laissa tomber. Tant qu'à faire, la mairie subtilisa l'ensemble des balustrades en fer forgé ouvragé (une cinquantaine de mètres linéaires), volées à l'édifice vers 1999-2000, et discrètement remplacées par d'autres, sans valeur. Mais où sont donc passées les "vraies" balustrades? Mystère, mystère.

SUGGESTION

Si les ministres échangent leurs BMW contre des Nissan Sunny, 100 millions de roupies seront dégagés pour la rénovation. 

Il ne faudra pas oublier une fois la restauration faite d'ENTRETENIR les bâtiments. Sinon, re-belotte dans 10 ans.


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GALERIE PHOTO
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1/ THEATRE DE PORT LOUIS

Souvenir de 1952

"vieille photo": 
aujourd'hui, les fauteuils de cinema de la renovation de 1994 
sont pourris et à remplacer

Le theatre de Port Louis, avant: couleurs coloniales 
et 6 statues au dessus des colonnes blanchies à la chaux

Après 1994: colonnes et pierres d'angle décapées,
Ne restent que 2 statues au dessus des colonnes.
Derrière, encore un immeuble géant, inauguré en 2010


2/ THEATRE DU PLAZA

Plans originaux 
du Mauricien Pierre de Coulac Mazerieux



Vue d'ensemble prise depuis un terrain d'un demi-hectare aux arbres centenaires 
que la mairie ferait bien d'acheter afin de le transformer en parc
évitant du même coup un building qui briserait l'harmonie du carré 
Plaza/ La Rocherie/ Notre Dame de Lourdes/ Le Montmartre, 
seul et unique ensemble intact de bâtiments coloniaux civils, administratifs et religieux à Maurice. 


Façade arrière de la salle de spectacle, 
tout en pierre de taille sous comble de bardeaux

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Ci dessous: L'envers du décor 
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AVANT: sièges en teck et velours rouge 
datant du début des années 1930

APRES: Salle de spectacle
Sieges arrachés, plafonds eventrès  

Salle des fetes du Plaza: 
Plouf... Plouf... Plouf... 
Des sceaux pour récupérer l'eau de pluie

Emplacement des balustrades volées 

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Le "village artisanal" (cough cough) de Belle Mare



100 appartements dès fin 2013 sur une plage du nord-est

C'est l'un des derniers endroits sauvages du nord-est de l'ile...




OÙ? QUOI? COMMENT?:

A la Pointe Oscorne, face à l'ile d'Ambre, lieu (encore) sauvage et historique où périt le St Géran en 1744.
Sur cette plage située après Grand Gaube, plus de cent appartements et maisons en béton seront construits.
Investissement: 700 millions de roupies
Les acheteurs seront des non-mauriciens.
Le permis a été octroyé par le gouvernement.
La campagne marketing commence.
Les travaux débuteront au dernier trimestre 2013.

RESULTAT:

Des dizaines de millions d'EURO de bénéfice (cout total du projet: 700 millions de roupies, prix de vente d'une seule maison: 56 millions de roupies - voir photo ci-dessous)

Encore un IRS, RES, IHS... Pour des étrangers. Camp retranché derrière des murailles ourlées de fils barbelés électrifiés, contrôlées par des gardes en uniforme.

Et encore une plage de moins... Pour des EUROs seulement, EUROs qui finiront eux aussi à l'étranger, sur des comptes en Suisse ou à Singapour. La richesse générée par cette opération quittera l'ile comme le peu d'âme qui lui reste encore.

Les paysages disparaissent, notre de mode de vie aussi.

Maurice n'est plus Maurice.

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Money! Money! Money! 
is no longer funny 
in a rich man's world

avant: du VERT...
...apres: un MASTERPLAN

Beton, alibi en bardeaux et cocotiers de synthèse... 
...Mais plus de plage sauvage 



1986: Tchernobyl... 2011: Fukushima... 2037: Albion?

NUCLEAIRE



L'Integrated Electricity Plan 2013 - 2022 du Central Electricity Board fait un premier pas vers la construction à Maurice de centrales nucléaires. Selon ce document, "nuclear technology is a generation option to substitute fossil-fuel-based generation in Mauritius".

Ce plan stratégique directeur, qui engage Maurice pour les 10 ans à venir, indique que le CEB va faire appel à l’assistance technique de l’International Atomic Energy Agency pour les recherches préliminaires visant à mettre en place la Nuclear Technology in Mauritius.

Vu la gestion par l'administration mauricienne des inondations de février et mars 2013 ( ---> Maurice, coupable de son aveuglement) tant en amont qu'en aval, on peut raisonnablement conseiller à la population mauricienne de quitter sans attendre l'ile au premier coup de pioche pour la construction de la centrale. Sans espoir de retour, au risque se retrouver tôt ou tard radioactivé suite au premier cyclone, à la première inondation ou à la première négligence venue.

Attention, cette ile s'auto-détruira dans...
10...
9...
8...
...

En attendant, voici le scénario qu'on nous propose à Albion:

AVANT HIER: Dodo Land

HIER: La savane de la Pointe aux Caves



2012: Travaux pour la construction d'une centrale à charbon


2015: Centrale à charbon opérationnelle


2019: Port pétrolier centralisant les arrivées d'hydrocarbures à Maurice



 2036: Centrale nucléaire


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... Et puis...
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 ...  2037 ?

Tuesday, April 2, 2013

L'état donne un permis pour transformer une savane en une ville géante.

A la place de cette savane, un millier de maisons en béton.


1,688,400m2

C'est la superficie de la nouvelle ville qui sera construite à la Petite Riviere Noire.

OÙ?
A la place d'un chassé, "Palmyre". Encore un IMMENSE espace naturel de notre MINUSCULE ile qui disparait. Et, encore une fois, il s'agit d'un chassé (voir: A Maurice, la nature recule, le néo-colonialisme avance, à propos de la conversion du chassé voisin)

COMMENT?:
Cet espace naturel sera transformé en "gated community", lotissement sécurisé:
- grillage électrifié
- routes asphaltées,
- chemins éclairés
- un millier de constructions en béton.

Avec la conversion des chassés de Matala, Petite Rivière Noire, Palmyre; les dizaines de lotissements par ailleurs en cours; la transformation des Salines Pilot en 10 hôtels et resorts IRS, c'en est bien fini du Rivière Noire sauvage.

Adieu mon pays.



Aujourd'hui: la savane de l'ouest


Demain: encore en lotissement en bèton. 
Ici, Morcellement Carlos, situé à 1km de là

Disparition des rivières du nord et de l'est de Maurice


Mo passè la Rivière Tanier: 
voici ce qu'il reste de la rivière de la chanson de notre enfance, 
ici à la Vallée des Prêtres


Le 13 février, Port Louis était noyé sous les grosses pluies pourtant habituelles en cette saison.

Réponse du gouvernement? transformer en canaux les rivières qui coulent paisiblement depuis des millions d'années.

COMMENT?

Des caterpillars travaillent en ce moment meme dans le lit des rivières afin de les modifier. Fini les rochers noirs polis par des millénaires de pluie, fini les arbres dont les branches ombrageaient l'onde claire: les machines fouillent, arrachent, draguent afin
- d'augmenter la profondeur
- d'augmenter la largeur
- de construire des murs de soutènement en béton de chaque coté du lit de la "rivière" ainsi métamorphosée.

L'état dépense 15,2 millions de roupies pour ces "travaux"

OÙ?

- Rivière Citron
    elargie de 2,5 à 6 metres sur 2150 mètres
    approfondie de 450 mm
    murs de soutènement en béton

- Rivière des Lataniers
   elargie de 7 mètres
   creusée sur 600 mm

- Rivière Bel Air
    élargie de 8 mètres


Mo nè pli pou capav passe la Rivière Tanier, ine vine canal: Mo passé la Rivière Tanier



Maurice, coupable de son aveuglement



Le Passage reliant les buildings de la Place d'Armes au centre commercial du Caudan. 
Le passage de la mort.


Alors que 11 personnes sont mortes et que la capitale mauricienne a été ravagée par des torrents d'eau boueuse, l'heure est à la peine et à la colère.

Cela ne nous empêche pas de penser.

Les Mauriciens savent que les "inondations" du 30 mars 2013 n'en sont pas. Il ne s'agit pas d'un phénomène naturel, mais 
- d'une part, de l'absence de politique urbanistique et architecturale de la part de l'état mauricien et
- d'autre part, de l'incivisme des Mauriciens, qui font ce qu'ils veulent, où ils veulent, comme ils veulent.

Port Louis, chef-lieu de l'ile Maurice depuis trois siècles, situé au pied d'un cirque de montagne, dans une ile au climat sub-tropical très arrosée de janvier à mars et sujette à des cyclones violents tous les 15-20 ans, fut parfaitement conçu et aménagé à l'époque coloniale pour contrer ces phénomènes. Les gouvernements coloniaux successifs firent construire des drains et caniveaux en pierre de taille le long de chaque maison de chaque rue de la ville. Les rivières et ruisseaux fuent aménagés, toujours en pierre taillée au cordeau, jusqu'à la mer. Les bâtiments eux memes devaient répondre à des normes architecturales précises, toitures en pente, gouttières, varangues protégeant les façades, perrons en pierre surélevant et protégeant  les habitations.

Et puis...

Trois siècles plus tard, alors qu'une machine accomplit en une heure ce que cent hommes réalisaient jadis en un jour, les dirigeants de cette ile et sa population s'acharnent à:
- 1/ détruire le travail des 250 années précédentes
- 2/ faire le plus de dégâts possibles sur le plan visuel et environnemental.

La plupart des victimes, 6, ne sont pas mortes n'importe où, mais dans l'une des infrastructures les plus modernes et neuves de la ville, le passage qui relie la Place d'Armes au Caudan, les deux endroits les plus fréquentés de la ville.

Alors, que s'est-il passé? 

La réponse ne date pas du 30 mars, mais de bien avant:

- L'état laisse tout le monde faire ce qu'il veut en matière architecturale et urbanistique. 

- La population en profite pour construire et aménager n'importe quoi, n'importe où.

- Pollueur devant l'éternel, le Mauricien jette là où c'est le plus facile: sacs en plastique, bouteilles en plastique, réfrigérateurs, carcasse d'animal, tout ce qui l' encombre.

- Et puis, certains Mauriciens volent les pierres de taille des ouvrages anciens: pierres des ponts, pierres des caniveaux, pierres des ruisseaux aménagés qui sont ensuite vendues à des amateurs qui ne se posent pas de question, hôtels, entreprises ou particuliers. Les aménagements nécessaires des siècles passés sont fragilisés ou rendu inefficaces, sans compter le dommage fait à notre patrimoine.

- Pour couronner le tout, en ce moment même, l'état fait construire une file additionnelle à la voie rapide qui tranche la ville en deux. Celle-ci enjambe plusieurs canaux en pierre de taille aménagés aux XVIIIe et XIXe siècles. Ces canaux magnifiques étaient à ciel ouvert jusque vers 2002, lorsqu'ils furent recouverts et transformés en rivières sous-terraines (par la municipalité de Port Louis, par la société Rogers etc). Ainsi cachés de la vue, ces canaux indispensables à l'évacuation des eaux de pluie "n'existaient plus". Il ne restait qu'à les détruire tout à fait, ce qui était en train d'être fait: afin de construire cette troisième voie, des caterpillars ont travaillé depuis le début de l'anné à les boucher avec du remplissage (voir: Le “remplissage”, une bombe écologique pour Maurice)

ET MAINTENANT?

- L'etat prendra t-il ses responsabilités? Rien n'est moins sûr quand on sait que le premier ministre attribue officiellement le drame du 30 mars au "changement climatique", un mensonge mais surtout une insulte à la mémoire des disparus.

- Les Mauriciens changeront-ils leur comportement? Passé l'élan de solidarité de ces derniers jours,  notre maitre à tous, l'argent, redeviendra le plus fort. Le Mauricien continuera à vouloir toujours plus de béton, partout, et ne manquera pas de balancer le "remplissage" issu de ses travaux là où c'est le plus facile.

VOIR NOTRE ARTICLE DE FEVRIER 2012 QUI DENONCAIT CETTE PRATIQUE: Le “remplissage”, une bombe écologique pour Maurice

avant

après: remplissage en cours