Tuesday, April 2, 2013

Maurice, coupable de son aveuglement



Le Passage reliant les buildings de la Place d'Armes au centre commercial du Caudan. 
Le passage de la mort.


Alors que 11 personnes sont mortes et que la capitale mauricienne a été ravagée par des torrents d'eau boueuse, l'heure est à la peine et à la colère.

Cela ne nous empêche pas de penser.

Les Mauriciens savent que les "inondations" du 30 mars 2013 n'en sont pas. Il ne s'agit pas d'un phénomène naturel, mais 
- d'une part, de l'absence de politique urbanistique et architecturale de la part de l'état mauricien et
- d'autre part, de l'incivisme des Mauriciens, qui font ce qu'ils veulent, où ils veulent, comme ils veulent.

Port Louis, chef-lieu de l'ile Maurice depuis trois siècles, situé au pied d'un cirque de montagne, dans une ile au climat sub-tropical très arrosée de janvier à mars et sujette à des cyclones violents tous les 15-20 ans, fut parfaitement conçu et aménagé à l'époque coloniale pour contrer ces phénomènes. Les gouvernements coloniaux successifs firent construire des drains et caniveaux en pierre de taille le long de chaque maison de chaque rue de la ville. Les rivières et ruisseaux fuent aménagés, toujours en pierre taillée au cordeau, jusqu'à la mer. Les bâtiments eux memes devaient répondre à des normes architecturales précises, toitures en pente, gouttières, varangues protégeant les façades, perrons en pierre surélevant et protégeant  les habitations.

Et puis...

Trois siècles plus tard, alors qu'une machine accomplit en une heure ce que cent hommes réalisaient jadis en un jour, les dirigeants de cette ile et sa population s'acharnent à:
- 1/ détruire le travail des 250 années précédentes
- 2/ faire le plus de dégâts possibles sur le plan visuel et environnemental.

La plupart des victimes, 6, ne sont pas mortes n'importe où, mais dans l'une des infrastructures les plus modernes et neuves de la ville, le passage qui relie la Place d'Armes au Caudan, les deux endroits les plus fréquentés de la ville.

Alors, que s'est-il passé? 

La réponse ne date pas du 30 mars, mais de bien avant:

- L'état laisse tout le monde faire ce qu'il veut en matière architecturale et urbanistique. 

- La population en profite pour construire et aménager n'importe quoi, n'importe où.

- Pollueur devant l'éternel, le Mauricien jette là où c'est le plus facile: sacs en plastique, bouteilles en plastique, réfrigérateurs, carcasse d'animal, tout ce qui l' encombre.

- Et puis, certains Mauriciens volent les pierres de taille des ouvrages anciens: pierres des ponts, pierres des caniveaux, pierres des ruisseaux aménagés qui sont ensuite vendues à des amateurs qui ne se posent pas de question, hôtels, entreprises ou particuliers. Les aménagements nécessaires des siècles passés sont fragilisés ou rendu inefficaces, sans compter le dommage fait à notre patrimoine.

- Pour couronner le tout, en ce moment même, l'état fait construire une file additionnelle à la voie rapide qui tranche la ville en deux. Celle-ci enjambe plusieurs canaux en pierre de taille aménagés aux XVIIIe et XIXe siècles. Ces canaux magnifiques étaient à ciel ouvert jusque vers 2002, lorsqu'ils furent recouverts et transformés en rivières sous-terraines (par la municipalité de Port Louis, par la société Rogers etc). Ainsi cachés de la vue, ces canaux indispensables à l'évacuation des eaux de pluie "n'existaient plus". Il ne restait qu'à les détruire tout à fait, ce qui était en train d'être fait: afin de construire cette troisième voie, des caterpillars ont travaillé depuis le début de l'anné à les boucher avec du remplissage (voir: Le “remplissage”, une bombe écologique pour Maurice)

ET MAINTENANT?

- L'etat prendra t-il ses responsabilités? Rien n'est moins sûr quand on sait que le premier ministre attribue officiellement le drame du 30 mars au "changement climatique", un mensonge mais surtout une insulte à la mémoire des disparus.

- Les Mauriciens changeront-ils leur comportement? Passé l'élan de solidarité de ces derniers jours,  notre maitre à tous, l'argent, redeviendra le plus fort. Le Mauricien continuera à vouloir toujours plus de béton, partout, et ne manquera pas de balancer le "remplissage" issu de ses travaux là où c'est le plus facile.

VOIR NOTRE ARTICLE DE FEVRIER 2012 QUI DENONCAIT CETTE PRATIQUE: Le “remplissage”, une bombe écologique pour Maurice

avant

après: remplissage en cours























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