Thursday, July 21, 2011

mort d’une maison coloniale, épisode 2


BEFORE / AVANT


AFTER / APRES



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Come in...

This colonial house was built in the XIXth century in Pamplemousses, in Northern Mauritius.

In the late XIXth century or early XXth century, it has been "moved" to Beau Bassin on the central plateau, where it stood among huge tropical fruit trees.

In 2010, the house was torn down oby its new owner, a well known Mauritian businessman.

Whether it is natural sites or heritage buildings, Mauritians keep on neglecting and destroying the quintessential beauty of the island.

SITE PLAN:


THE INSIDE PRIOR TO DEMOLITION:


FRONT PORCH


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Souvent au XIXe siècle, quelquefois au XXe, on “bougeait” les maisons à Maurice: démantelée pièce par pièce, une maison était reconstruite ailleurs. Un exemple célèbre est la Malmaison, construite à Moka au XIXe siècle : en 1902, elle fut démantelée et reconstruite à Curepipe pour y servir d’hôtel de ville.

 
Détail d'une porte de la varangue avant:
chaque maison coloniale mauricienne avait un modele de porte unique.
Les impostes quasi-règlementaires (bien moins fréquentes à la Réunion)
assuraient une aération constante.

Au XIXe siècle, la maison coloniale que l’on voit sur ces photos fut construite sur une propriété sucrière de Pamplemousses, dans le nord de l’île. Construite en pierre de taille et bois, elle fut démantelée et reconstruite à Beau Bassin à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. De « maison de propriété », elle est devenue « maison de ville ». La famille Maurice l’a habitée jusqu'à sa démolition en 2010 par son nouvel acquéreur, « homme d’affaires bien connu » comme on dit à Maurice. 




 

A l’origine, la maison comportait 8 pièces: 4 au centre de la maison, 4 dans les tourelles. Chaque façade comportait une varangue soutenue par deux colonnes toscanes, carrelée de marbre noir et blanc ou de tomettes en terre cuite.

La varangue de droite fut plus tard supprimée afin d’y installer une salle à manger ; la varangue de gauche ainsi que celle du fond furent vitrées afin d’y installer des salles de bain. Plus tard encore,  les 4 pièces du corps de logis central furent réunies en une seule.
 
Le salon comportait un vieux Pleyel aujourd'hui chez un collectionneur

La destruction du patrimoine bâti et naturel continue encore et toujours à Maurice.
Jour après jour, ont égratigne la beauté cette île. 
Pour ceux qui ont connu « avant », Maurice n’est plus que l’ombre d’elle-même.


La maison filmée en 2006: luxe tout simple du chant des oiseaux

Tuesday, July 19, 2011

Le château du Réduit, un cher massacre.



C’est l’histoire d’une métamorphose. Celle d’une belle maison coloniale mauricienne en un bâtiment sans style, sans histoire et sans beauté.


Restaurer une maison, c'est la réparer dans le but de lui conserver son caractère historique authentique. Dans cette optique, il n'est pas question de modifier le moindre élément architectural d'origine (formes, couleurs, dimensions, etc).A Versailles, les clous du XVIIIe siècle d'un lambris sont numérotes afin d'être réutilisés au même endroit lors d'une restauration.

Rénover, c’est faire du neuf, modifier, changer l’existant. C’est perdre l’âme d’un bâtiment. La « transformation » du Réduit en est un bon exemple. Plus grande résidence de Maurice, commencé en 1748 par Barthélemy David, agrandi et embelli par les gouverneurs successifs français puis britanniques, le Réduit fut métamorphosé suite à de grands travaux entrepris en 2002-2003.


Blotti au cœur d’un parc de plus de 100 hectares, entre deux ravins vertigineux, le château tire son nom de sa situation imprenable : il devait servir de refuge à la population de l’Isle de France en cas d’attaque de la Perfide Albion. Hélas, l’attaque eut lieu avec succès. Seulement, elle est venue deux siècles et demi plus tard, de la part d’une équipe de constructeurs, décorateurs et architectes incompétents qui n’ont pas pu, ou pas su, conserver au bâtiment son authenticité. Dommage quand on connaît le budget en millions d’euros de cette rénovation, démarche si rare dans une île qui n’aime pas son patrimoine.



Autour du parc, les champs de canne a sucre ont disparu. Lotis en 2005, ils se couvrent peu à peu de maisons en béton armé toutes plus laides les unes que les autres. Et c’est le cadre champêtre de la propriété qui n’existe plus. A Maurice, les propriétaires font ce qu’ils veulent de leurs terres agricoles : lotissements résidentiels sans normes architecturales, usines, centres commerciaux. A la place du vert ondoyant des champs de canne, deux, trois, dix étages orange, bleus ou gris. Fini les perspectives sur la mer et les montagnes. On saigne l’âme de ce pays.



A l’intérieur, la salle de bal du rez-de-chaussée, aux murs jadis clairs, au long plafond de bois peint d’un pâle wedgewood blue, est devenu le living room clinquant d’un scheik arabe :  spots encastrés au plafond, meubles dorés au karsher, tons saumonés, il ne manque qu’un narghilé au milieu de la pièce. A l’étage, les chambres et salons offrent une succession de décors tout droit issus d’un hôtel LUX* Island Resorts: normal, c'est leur décoratrice qui les a réalisés. Les varangues, peintes en couleurs criardes, créent, avec leur bois foncé et leurs colonnes en pierre apparente, une atmosphère rustique à mille lieu de l’élégance coloniale d’antan. Les hautes colonnes toscanes chaulées, les tons pâles et le mobilier blanc n’existent plus que dans le souvenir de ceux qui ont connu la maison d’autrefois.    

AVANT



APRES

En 2002, au début des travaux, les éléments d'origine du château furent bradés aux enchères. Moins d'une demi-douzaine de personnes se sont présentés ce mardi-là pour acheter les lots, éparpillés sur les pelouses du parc. Ici les portes-fenêtres en teck centenaires de la varangue, là les escaliers du pavillon de l'est. Sous le soleil de midi, les poignées de bronze ou de cristal étincelaient d'un dernier éclat. Tout fut très vite réglé. Commença alors le bal des camions qui vinrent évacuer les lots. Les lourds contrevents de bois, démantibulés, finirent en bois de coffrage, et les espagnolettes en bronze fondues par un récupérateur de métaux. Dans le Réduit d'aujourd'hui, tout est neuf, sans histoire et sans valeur.

Méconnaissable, le Réduit fait peine à voir...

... mais même ce nom n'existe plus: pour parfaire la métamorphose, le Château du Réduit a perdu son nom: désormais, on nous dit de l'appeler la "Sate House"...

Monday, July 18, 2011

Mort d'une maison coloniale

Béthanie juste après la vente de la propriété, en 2003

Béthanie était une des belles propriétés coloniales de Beau Bassin. La maison principale fut construite autour de 1850. Le parc comportait de nombreux intendances (ficus microcarpa), majestueux arbres au port de parasol, sans doute plantés au moment de la construction de la maison. A droite de la varangue avant, un grand bassin rond en pierre sous les frondaisons. Au fond a droite, les jolies dépendances en bois sous tôle, toutes blanches, le long d’une courette pavée.




Etat des dégradations après la vente de la maison:
vol ou effondrement de la ballustrade par manque d'entretien,
peinture ecaillée, jardin mal entretenu

Comme presque toutes les maisons coloniales mauriciennes du XIXe siècle, Béthanie comportait un corps de bâtiment central en bois sous comble de bardeaux, ouvrant sur une varangue sur plusieurs côtés. Au centre de la varangue avant, un porche soutenu par des colonnettes octogonales à chapitaux toscan signalait le perron en pierre, dont chaque marche se terminait par un bec recourbé. Orientée à l’est, une varangue vitrée encadrée de deux tourelles donnait sur un jardin en espalier. On accédait à chaque degré par des perrons en pierre de taille. Les varangues bordées de moellons en pierre de taille etait carrelées de tomettes en terre cuite importées d'Aubagne, dans le sud de la France, réalisees en 1850.




La maison après plusieurs années d'abandon, jsute avant la démolition

Vers l’an 2000, la campagne fut vendue à un riche homme d’affaire mauricien. Entre la beauté du lieu et les roupies sonnantes et trébuchantes, le choix était vite fait : il fallait détruire plutôt que préserver. Dans l’indifférence générale, le sort de Béthanie était scellé.


Charpente d'une des tourelles

Démolisseur à l'oeuvre: destruction de la varangue nord, 2009.

La charpente en train d'etre détruite

La maison âgée de près de 160 ans fut démolie en 2009, le jardin est en train d’être morcelé. Les premiers lots vendus sont déjà recouverts d’une marée de béton haute de plusieurs étages. Les intendances gigantesques sont abattus les uns après les autres.

Voila en quelques étapes la mort d’une maison coloniale.




Maurice ou ''ile Maurice"?

BIENVENUE !

Pour aimer un pays, encore faut-il le connaître.

C’est l’objectif de ce blog.

MAURICE

Maurice n’est pas une « destination ». Pas non plus une immense plage toute blanche où on bronze toute la journée. C’est un pays. Là-bas vivent plus d’un million d’habitants dont le mode de vie se modifie à un rythme sans cesse accéléré depuis les trente dernières années. L’ile quitte son passe à pas de géant. Pour aller où ? C’est ce que nous verrons.

IMAGES

Mon but est de présenter cette ile ou je suis né telle que je la vois, avec des faits véridiques et précis, sans légende erronée, sans l’artifice d'un filtre turquoise pour l’océan ou orange version soleil couchant. Et en acceptant de laisser mon objectif capturer ce qu’il voit, non ce qu’il voudrait voir.

Je serais heureux si en quittant ce blog vous voyez Maurice un peu différemment.

Alors, bonne lecture instructive à toutes et tous.