Beau Bassin est réputé pour son climat moins chaud que celui de la côte et moins pluvieux que celui des hauts. Un harmonieux ensemble de maisons coloniales y fut construit du milieu du XIXe siècle au début du XXe. Grandes ou petites, elles étaient toutes entourées de grands jardins, les « cours », particulièrement réputés pour leurs arbres fruitiers. Le long de rues tranquilles, les frondaisons des letcheyers et des longaniers abritaient le passant des rigueurs du soleil. Très verts, les jardins étaient ponctués de grands palmiers, dyspsis, roystoneas et dictyospermas indigènes. Les haies en bambou bien taillées déroulaient leur ruban vert de maison en maison, de verger en verger.
Le Mauricien aurait pu respecter ces cours et ces maisons, travail de plusieurs générations. Il a choisi de tout détruire.
La ballustrade d'origine a disparu dans les années 80;
à l'origine, il s'agissait de colonnettes de bois sculpté.
Cette maison de Beau Bassin date du milieu du XIXe siecle. L’aile de droite a été ajoutée au début du XXe siècle. On la découvrait au fond d’une longue allée de manguiers qui filtraient la lumière, créant des taches de couleur sur le gravier de basalte. Dans le rond point traditionnel, devant la maison, un gros oiseau du paradis déployait ses ailes en une fontaine de verdure. Tout près de la maison, sous le bougainvillier écarlate, un buisson de chapeau chinois faisait la joie des enfants.
Chaque modèle de porte de chaque maison ancienne était unique.
Moniseur A. sous sa varangue
2006. Sous la varangue, le propriétaire des lieux attend le visiteur calé dans un vieux fauteuil créole. Avec son paletot impeccable et sa casquette de marin vissée sur ses cheveux immaculés, on dirait le fils du capitaine haddock et d’un lord anglais. Il lâche son « whisky on the rocks » pour répondre au téléphone, un vieil appareil noir où est écrit « Listen before dialling ». il fait signe de le suivre. Dans le salon, dans la salle à manger, de nobles meubles en bois locaux ou venus par bateau il y a plus d’un siècle. Sur la console, une pendule rythme paresseusement le temps qui passe. Dans la vitrine, un service en cristal ciselé. Tout au fond de la maison, l’office déborde d’un désordre souverain. Dans la chambre, le lit de fer est si haut qu’un marchepied est nécessaire au bonhomme pour aller se coucher. Voulez-vous des mangues ? Des longanes ? Des jamalacs ? Il y en a plein la cour. Si si, j’insiste, prenez-en quelques uns…
"Listen before dialling"
La maison fut vendue. L’acheteur voulait tout démolir pour faire des buildings. On parlementa. Donnez-nous deux semaines. On pourrait démanteler la vieille dame, planche par planche, pierre par pierre pour la reconstruire ailleurs à l’identique. On replanterait les manguiers. On pourrait presque faire comme si rien ne s’était passé. L’homme refusa. Deux semaines, c’est trop de temps. Et le temps, c’est de l’argent.
Aujourd’hui, la maison coloniale c’est trois immeubles orange en plein cœur d’un Beau Bassin méconnaissable. Il ne reste plus un arbre, plus une pierre, plus une planche d'un siècle et demi d'art de vivre mauricien.
Aujourd’hui, la maison coloniale c’est trois immeubles orange en plein cœur d’un Beau Bassin méconnaissable. Il ne reste plus un arbre, plus une pierre, plus une planche d'un siècle et demi d'art de vivre mauricien.
Une maison coloniale typiquement mauricienne:
les proportions, les décorations, la varangue soulignée par un bandeau orné de losanges imbriqués, la forme de l'auvent, la facture des portes, les couleurs des murs, du toit et des volets - tout est mauricien dans cette construction.
Les deux photos ci-dessus: la maison juste avant la démolition:
la pluplart des arbres et plantes ont déjà ete coupés, l'oiseau du paradis arraché,
la maison n'est plus entretenue et attend les bulldozers.
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C'est un scandale de detruire notre patrimoine pour en faire des appartement pour ce faire du fric....bientot on regnera sur un tas de beton!!! et nos enfants et petits enfants mangeront du beton !!!
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