Hiver 2008. Madame Dominique Taillandier, adjointe aux maire de St Malo, arpente le trottoir port-louisien. A ses côtés, le Lord Maire de Port-Louis, Monsieur Thomas. Ensemble, ils dévoilent une plaque commémorative. Elle est apposée sur un volet du vieil immeuble des notaires, situé juste en face de l'hôtel de ville. La plaque en cuivre vient rappeler que c'est dans ce bâtiment du XVIIIe siècle que résida le plus célèbre des Corsaires, le Malouin Robert Surcouf. On se sourit, on se congratule, on se serre la main, on evoque les liens qui unissent les deux villes.
Hiver 2011. la Mairie de Port-Louis, propriétaire du bâtiment, decide de le faire démolir. Le bâtiment a 250 ans - Et alors? Construit entièrement en pierre de taille, il ne nécessite que peu d'entretien - Et alors? Il est un des rares rescapés du tsunami de béton qui a détruit Port Louis à la fin du XXe siècle - Et alors? Et les sourires échangés il y a 3 ans à peine, et la poignée de main, et la plaque sur le volet brinquebalant? Aux oubliettes!
A deux pas du théâtre, cet édifice est l'un des tous derniers immeubles coloniaux de la pathétiquement bétonnée rue Desforges. Outre Surcouf, Roi des Corsaires, cet immeuble colonial abrita les études des plus prestigieux notaires de l'ile. On accède à ces bureaux décrépis par un grand escalier en bois de natte, encadré de colonnes toscanes. Au rez-de-chaussée, incroyable: un vrai magasin port-louisien; du plancher fait de larges lattes au plafond de bois crème, la marchandise pend, s'étale, vous saute presque à la figure. On y trouve de tout, du cadre à photo en forme de fleur aux sandales en cuir, des robes de petite fille aux albums de timbres, des souvenirs évanescents à la précarité du temps qui passe...
Une ou deux voix anonymes s'élevent, on évoque le titre de propriété, le fait que la propriétaire qui l'a cédé à la mairie exigeait la préservation du bâtiment en l'état. Finalement, la mairie renonce à son projet. Seulement pour l'instant, bien sûr. Le bâtiment ne sera pas détruit, simplement abandonné à son sort, sans entretien, il pourrira sur place. Car c'est cette même mairie qui prône la destruction de ce qu'elle nomme les "eye-sore", comprenez les bâtiments anciens négligés par leurs occupants. Elle veut les voir disparaitre du paysage de Port-Louis.
Port-Louis, c'était le coeur de l'ile Maurice...
Maurice a fait une crise cardiaque depuis longtemps!
C'est tellement un crève-coeur que je m'abstiens de tout commentaire. Bien sûr, c'est tellement plus facile de laisser pourrir les choses que de les entretenir.
ReplyDeleteJ'ai visité ce bâtiment il y a moins d'un an. Il était dans un état déplorable, certes, et sa petite cour intérieure était jonchée de déchets, mais il avait quand même fière allure. Et si on le démolit ce qu'il était ne pourra jamais, au grand jamais, être retrouvé. Perdu à tout jamais, que ce sera. Les regrets éventuels de nos petits-enfants ne pourront rien y changer.
ReplyDeleteDe si beaux bâtiments,il serait dommage de les détruire.
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