Thursday, September 19, 2013

Zilwa: Calodyne ne lui dit pas merci


L'Hotel Zilwa (ex-projet Les Creolias) ouvrira bientôt - voir à ce sujet:  A Calodyne, les pêcheurs ne veulent pas qu’on bouleverse le lagon


VOIR PHOTOS AVANT - APRES
EN BAS DE L'ARTICLE

1. SEUIL DE TOLERANCE TOURISTIQUE
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Lorsqu'en 1994 une experte de renommée mondiale estimait que Maurice avait atteint son seuil de tolérance touristique, les hôteliers mauriciens feignirent de mal entendre: - "mais enfin on peut affréter plus d'avions, il y a encore plein de plages disponibles, et une main d'oeuvre nombreuse...". Et ils avaient raison.

Ce qu'ils ne comprenaient pas en revanche, c'est qu'il existe d'autres critères: 
- l'impact sur la culture et les paysages de l'ile, 
- la pollution directe et indirecte, visuelle et environnementale,
- le changement des mentalités, 
- l'approvisionnement en eau, 
- la pression immobilière et le rétrécissement de l'espace, 
- la disparition des plages publiques, etc.

19 ans plus tard, on en est sûr: il y a trop d'hôtels à Maurice. Beaucoup, beaucoup trop. L'impact sur la culture et l'environnement est indéniable. L'ile s'est appauvrie en terme de paysages et d'authenticité. Il ne reste que trop peu d'endroits vraiment préservés. Et les Mauriciens sont de plus en plus dépourvus de lieux tranquilles pour un cassage de pose en bonne et due forme.

2. PETITE ILE, MEGA PROJETS
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En outre, tous les nouveaux projets de développement, notamment hôteliers,  revêtent désormais une dimension nouvelle : les moyens mis en oeuvre ont changé
- d'échelle et
- de nature

POLLUTION AU BETON
- les structures sont en béton. Le sol est pollué par les gravats issus de la construction laissés sur place sous le gazon de l'hôtel. Le surplus de détritus polluant est expédié on ne sait où. Ou plutôt on sait: de plus en plus de Mauriciens recouvrent leurs terrains de ces matériaux, obtenant par exemple un terrain plat, donc constructible, à la place d'un terrain en pente. Le reste fini souvent dans les mares, notamment au nord et à l'ouest de l'ile. Ces mares ainsi bouchées deviennent également constructibles (au prix d'une énorme pollution), de la mise en danger des plages (qui en ont besoin comme filtre) et d'inondations futures. Hôtel, maisons particulières, bureaux: à Maurice tout le monde ne construit qu'en béton, sans se poser de question... Il serait temps de le faire.

POLLUTION DU LAGON
- Le type de terrain n'est plus une contrainte, on en fait ce qu'on veut. A Calodyne, Zilwa n'a pas hésité à extraire du sable du lagon afin de créer des plages artificielles. L'extraction de sable est interdite par la loi depuis 1994. Zilwa a utilisé des pompes puissantes pour aspirer le sable dans la mer puis le déverser au bord du bucolique littoral rocheux, paysage inchangé depuis la dernière glaciation il y a 5000 ans. Car le ministère de l'environnement lui a octroyé le fameux "Environmental Impact Assessment" nécessaire. Ce lieu tranquille ayant une faible profondeur d'eau était une pouponnière d'alevins... Et aujourd'hui?

Zilwa n'est qu'un exemple parmi tant, tant d'autres...


A Maurice, peu importe ce qui existe, on en fait ce qu'on veut. Forêt, plage tranquille, maison coloniale n'existent pas. Seul existe le terrain, sur lequel on construira comme bon nous semble. Le patrimoine bâti ou naturel de cette île ne compte pas. L'Euro, oui.

Alors vive l'Euro, et à mort l'île Maurice.





Calodyne, 1979: une côte tranquille de roches noires
au bord d'une pouponnière d'alevins

Exactement le même endroit, fin 2013: 
une énorme plage artificielle au bord d'un lagon stérile.

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